MR Bricolage est, comme son nom l’indique, un distributeur d’articles de bricolage, mais également de jardinage et de décoration. Le groupe assure le développement des réseaux de magasins adhérents et affiliés. Il développe également des activités de vente en ligne. Le chiffre d’affaires se répartit entre de la vente de produits pour deux tiers, du service pour un peu moins d’un tiers et de produits en propre pour un peu moins de 3%. En 2023, le groupe dispose de 979 magasins, l’écrasante majorité (902) étant en France répartis entre les enseignes Mr Bricolage et les Briconautes. Un grand nombre d’enseignes sont tenues par des franchisés.
L’évolution boursière reste une énigme pour un certain nombre d’investisseurs : depuis plusieurs années, la valorisation se traine, et ce en dépit de métriques plutôt flatteuses.
Qu’on en juge avec cette charte graphique ou l’on observe une certains stagnation baissière.
Et pourtant sur cette année 2023, le titre n’a pas complètement démérité. Voici ce qu’il indique :
- Un chiffre d’affaires 2023 à 293,3 M€, soit une baisse de 4,3% par rapport à l’année dernière.
- Un EBITDA 2023 de 32,8, c’est à dire un taux de marge de 11,2%, contre 11,6% en 2022.
- Un résultat net 2023 de 20,4 M€ soit une marge nette de 7% à rapporter à une marge de 7,4% en 2022
Il y a 3 éléments d’information à tirer de l’analyse de ces chiffres et de ceux des années passées :
- L’activité bricolage fonctionne sur un marché mature (peu ou pas d’augmentation du chiffres d’affaires), mais elle est assez résiliente aux crises (stabilité du résultat).
- Le PER est extrêmement faible et ce depuis plusieurs années.
- La dette nette est en constante diminution. Elle ressortait à 14,9 M€ sur la fin d’année dernière. Elle représentait encore 24,2 M€ fin 2022 et 40 M€ fin 2021. Il n’est pas stupide de penser que le groupe sera complètement désendetté d’ici un an ou deux.
Le point numéro deux de notre analyse est illustré par ce tableau :
Quant à l’explication de ce cours, aussi bas, il faut savoir que la société ne distribue plus de dividendes depuis 2018 :
Que s’est-il donc passé en 2018 qui a conduit, l’année suivante, à la suppression du dividende ?
Il faut savoir qu’en 2014, le groupe KingFisher s’est proposé d’acquérir MR Bricolage pour 275 millions d’euros ( soit dit en passant plus de 3,2 fois la capitalisation actuelle). A la suite de cette OPA, l’autorité de la concurrence a demandé la revente de 60 magasins, ce qui a provoqué des remous en interne. Face à l’hostilité de l’ANPF (l’association à l’origine de la création de la société et actionnaire majoritaire), l’opération n’a finalement pas abouti. Mais cette prise de contrôle avortée et la bataille qui s’en est ensuivie ont laissé des traces. En 2016, le groupe enregistre une perte de 62,5 millions d’euros contre un gain de 9 millions d’euros l’année précédente.
Le groupe mettra encore des années à moderniser ses enseignes vieillissantes et se débarrasser de ses magasins intégrés (détenus en propre) sous l’égide du directeur général Christophe Mistou (encore aux commandes à ce jour) qui lance le plan REBOND. En parallèle, la dette grossit passant fin 2018 à 96,1 M€. L’endettement va continuer, le groupe affichant en 2018, un ratio d’endettement net de 39,67 %, 193,62 % en 2019, 433,94 % en 2020.
Ce n’est qu’à partir de 2020, notamment suite aux changements induits par le Covid et à la poursuite des efforts de restructuration que la situation va s’assainir, et même de manière spectaculaire.
Maintenant, vous comprenez mieux pourquoi il n’a pas été question, pour l’instant, de distribuer de dividendes et pourquoi la situation pourrait changer dès lors que la valeur d’entreprise sera inférieur à la capitalisation (trésorerie nette positive).
En attendant, le groupe reprend doucement sa croissance. Dernièrement, un adhérent du groupe a annoncé la reprise de 5 magasins Bricolex, ce qui fait de MR Bricolage la première enseigne de bricolage parisienne en nombre de points de vente.
En résumé, il semble que MR Bricolage après des années de vaches maigres soit sur le point d’être complètement désendetté et donc, soit de constituer une proie attractive soit de commencer à distribuer des dividendes.
Comme toujours dans ce genre de dossier, la patience est clé. Il n’y a probablement pas grand chose à attendre dans les 6 prochains mois. Il faudra sans doute attendre 2025 (et le désendettement complet), mais il n’est pas exclu d’espérer un scénario à la Esso quoi que, sans doute un peu moins important, car les ratios sont ici plus élevés.
L’opération avec Kingfisher avait échoué en partie à cause du gendarme de la concurrence, mais d’autres scénarii sont possibles, notamment avec Kretinsky qui est apparemment un grand fan de la distribution (même s’il a fort à digérer pour le moment).
Gardez à l’esprit que l’action est faiblement liquide, donc il ne faut passer que des ordres à cours limite (si vous décidez d’en passer). Cours à la date de publication de cet article : 8,50 €.
J’ai loupé Esso, Mercialys… Bon, est-ce que je fais de suivre Mr Bricolage ? Jamais deux sans 3 ?
On verra 😁. Merci pour l’article…
Dommage que tu as loupé Mercialys… Et surtout Esso !
En tous cas ce ne sont pas des conseils en investissement, mais des
petites analyses sans prétention aucune.
Merci de nous lire !
bonjour à tous. je vais l’observer à l’open ^^ très intéressant
Bonjour 👋
Merci pour tous ces magnifiques articles
Est-ce qu’il y a une possibilité d’être alerté quand un nouvel article sort?
Bonsoir Rémi. Oui sur le compte Twitter de Powertrade.
A noter que j’avais justement oublié de faire le lien vers l’article.
Merci !
Bonjour,
Toute petite ligne de prise ce matin, ça me rappel que j’ai déjà travaillé chez eux il y a une 15ne d’années.
C’était le groupe de la famille Martin dans le sud de la France, et je voyais passé tous les chiffres d’affaires de tous les magasins, à cette époque j’en avais rien a faire de tout ça 😀
En tout cas encore merci pour ce très bel article.
Merci pour l’article! Comme d’habitude ..droit à l’essentiel et très bien rédigé . 🙂Pour une novice c’est top 👍.